Histoire

La grande bataille de Souk Ahras, moment crucial de la Révolution de Novembre

Publié par DKNews le 24-04-2015, 18h05 | 87
|

La grande bataille de Souk Ahras, dont le 57e anniversaire sera commémoré demain, est, sans conteste, un des moments les plus cruciaux de la glorieuse Révolution, estiment des historiens.

Cette bataille d’une semaine débuta à Oued Chouk le 26 avril 1958 pour s’étendre jusqu’à Ouilene, non loin de Souk Ahras, puis vers les hauteurs de Hammam N’bails, dans la wilaya voisine de Guelma.

Pas moins de 639 martyrs combattant dans les rangs de l’Armée de libération nationale (ALN) tombèrent au champ d’honneur durant cet âpre engagement qui a aussi fait 300 morts et plus de 700 blessés parmi les troupes de l’armée coloniale française.

Selon des sources historiques, le site de la bataille, accidenté et très difficile d’accès, avait rendu difficiles les déplacements des combattants de l’ALN, ce qui contraignit le commandement du 4e bataillon de l’ALN basé près de Sakiet Sidi Youcef (Tunisie) à franchir la ligne électrifiée Morice, près de Dehaoura (Guelma), pour expédier des armes en direction de la wilaya II historique.

C’est la découverte par les forces d’occupation, le 26 avril 1958, de cette tentative d’approvisionnement des maquis en armes et en munitions qui déclencha la grande bataille de Souk Ahras.

«Les combats furent tellement féroces que les affrontements finirent par des engagements au corps à corps», se souvient le président de l’association des rescapés de cette bataille, le moudjahid Hamana Boulaâras qui affirme aussi que la première «étincelle» eut pour théâtre le site montagneux d’Oued Chouk, dans la région de Zaârouria, lorsque des troupes du 4e bataillon de l’ALN ont tenté de forcer la ligne électrifiée Morice à partir d’Aïn Mazer près de Sakiet Sidi Youcef.

Selon M. Boualaâras, les instructions du commandement étaient fermes et claires : «il fallait éviter tout accrochage avec l’ennemi pour ne pas mettre en péril la vie des moudjahidine et réduire la quantité d’armes et de munitions transportées».

C’est sur le mont Boussalah que les premiers accrochages se produisirent entre l’armée d’occupation et l’une des trois katibas qui réussit à couvrir le passage de la caravane d’armes escortée par le reste des troupes de l’ALN, raconte M. Boulaâras.

Les générations montantes  doivent savoir

Les générations montantes «doivent savoir qu’elles ont un passé glorieux dont elles peuvent légitimement s’enorgueillir», souligne Djamel Ouarti, professeur d’histoire à l’université de Souk Ahras. Ce fut, soutient-il, «l’une des plus grandes batailles de la guerre de libération nationale, comparable à certaines grandes batailles de la Seconde Guerre mondiale».

L’armée française y avait engagé ses unités d’élite les plus aguerries, dont les 9e et 14e régiments de parachutistes, les 8e et 28e régiments d’artillerie et les 26e, 151e et 152e régiments d’infanterie mécanique dont la plupart des soldats et des officiers avaient pris part à la Seconde Guerre mondiale et à la guerre d’Indochine.

En face, se sont dressées, ajoute M. Ouarti, les unités de l’ALN composées du 4e bataillon commandé par Mohamed-Lakhdar Sirine et ses adjoints Ahmed Draïa et Youcef Latreche, ainsi que plusieurs katibas chargées de transporter des armes vers les maquis de Taher (Jilel), de Mila et de Skikda.

Il rappelle aussi que La Dépêche de Constantine (quotidien colonial remplacé à l’indépendance par An-Nasr, ndlr) avait évoqué, au 1er jour de la bataille, l’ALN qui «tente de franchir la ligne Morice, conduisant à des actions des forces françaises pour intercepter les combattants arabes et leur armement».

Deux jours après, le même journal change de ton et parle désormais de «franchissement réussi des rebelles» et «d’affrontements féroces près de Souk Ahras».

Les Français aussi se souviennent  et témoignent

Si le souvenir de cette grande bataille est toujours vivace dans la mémoire collective des habitants de la région de Souk Ahras et des moudjahidine de la base de l’Est, il a aussi marqué les esprits dans les rangs de l’armée française.

Cette dernière, en opération dans la région, n’a pas compris ce qui lui arrivait, comme en témoigneront, plus tard, le sergent Lasne et le lieutenant Saboureau, commandés alors par le capitaine Serge Beaumont, officier parachutiste français, qui tombera avec 32 de ses hommes.

«Que s’est-il passé ? Nous sommes tombés en plein dispositif ennemi. Très supérieurs en nombre, très bien équipés et armés, les +fellaghas+ dissimulés dans les arbousiers ont usé d’un stratagème.

Notre habitude de l’emporter sur l’adversaire est telle que lorsque, à quelques mètres, les +rebelles+ se découvrent, vision impressionnante de casquettes kaki, et feignent de se rendre les bras levés, nos parachutistes cessent de tirer et se lèvent pour les capturer.

A ce moment-là, un coup de sifflet strident déclenche avec une violence extrême des tirs à la cadence très rapide de mitrailleuse MG 42 (excellente arme allemande qui équipe fréquemment l’ALN, ndlr) qui déciment les nôtres».

Si la grande bataille de Souk Ahras ne décida pas du sort de la Révolution, elle prouva à la France coloniale, mais aussi au monde entier, que l’armée française n’avait pas affaire à des groupes de «rebelles» mais à une armée de libération née d’un peuple opprimé plus que jamais déterminé à vivre libre.

|
Haut de la page

CHRONIQUES

  • Walid B

    Grâce à des efforts inlassablement consentis et à une efficacité fièrement retrouvée, la diplomatie algérienne, sous l’impulsion de celui qui fut son artisan principal, en l’occurrence le président de la République Abdelaziz Bouteflika, occupe aujour

  • Boualem Branki

    La loi de finances 2016 n’est pas austère. Contrairement à ce qui a été pronostiqué par ‘’les experts’’, le dernier Conseil des ministres, présidé par le Président Bouteflika, a adopté en réalité une loi de finances qui prend en compte autant le ress

  • Walid B

    C'est dans le contexte d'un large mouvement de réformes sécuritaires et politiques, lancé en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique, que ce processus sera couronné prochainement par le proj

  • Boualem Branki

    La solidité des institutions algériennes, la valorisation des acquis sociaux et leur développement, tels ont été les grands messages livrés hier lundi à Bechar par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bédoui.

  • DK NEWS

    Le gouvernement ne semble pas connaître de répit en cette période estivale. Les ministres sont tous sur le terrain pour préparer la rentrée sociale qui interviendra début septembre prochain.

  • Walid B

    Dans un contexte géopolitique régional et international marqué par des bouleversements de toutes sortes et des défis multiples, la consolidation du front interne s'impose comme unique voie pour faire face à toutes les menaces internes..

  • Walid B

    Après le Sud, le premier ministre Abdelmalek Sellal met le cap sur l'Ouest du pays où il est attendu aujourd'hui dans les wilayas d'Oran et de Mascara pour une visite de travail et d'inspection.