Le spectacle de musique et danses espagnoles «Sevillanas Flamenclorikos», présenté mercredi soir à Alger a permis la découverte de différents genres de flamenco à travers une randonnée prolifique conduite avec l’élégance du mouvement et la fermeté du regard.
La scène de l’Auditorium Aïssa-Messaoudi de la Radio algérienne a vibré près de 80 mn durant, sous les rythmes ininterrompus du flamenco dans ses différentes déclinaisons à travers un programme spécialement conçu pour l’Algérie.
Le flamenco, classé en 2010 patrimoine immatériel de l’humanité par l’Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), a été présenté dans ses différentes déclinaisons rythmiques dont les genres Jaleos, Sevillanas, Bulerias, Tangos, Fandangos, Solea por Bulerias et Alegrias.
Alternant par moment avec des tours de danse, Patricia Prieto au chant avec sa voix rauque et puissante a entonné plusieurs pièces du patrimoine hispanique, évoquant entre autres l’intensité de l’amour, la vie dans ses joies et ses peines, la nostalgie et l’attachement à la terre, Sara Nieto, danseuse étoile, enfilant différentes robes représentant les genres de flamenco propres à chaque région, s’est lancée dans un jeu de séduction auquel Manuel Serena, son partenaire, a vite succombé malgré son caractère prétentieux et son tempérament de conquérant.
Avec de la grâce dans le mouvement, les chorégraphies, rendues en duo ou en solo ont été exécutées dans un élan rythmique soutenu, appelant la contraction de toute la musculature du corps sous un regard perçant, accroché sur un visage ferme et déterminé.
Le guitariste Luis Miguel Manzano, d’une maîtrise technique et une dextérité époustouflantes jouant des gammes mélodiques aux accords seconds et inversés, qui caractérisent le genre flamenco, a fait montre de toute l’étendue de son talent, illustrant les pas cadencés et gracieux des deux danseurs.
Le claquement des castagnettes, le roulement des talons, le croisement des mains qui échouent tantôt sur la poitrine, tantôt sur les genoux ainsi que les déplacements travaillés dans la finesse du geste et le mouvement accompli, ont rendu toute la noblesse et l’authenticité de ce registre musical aimé de tous.
Le public euphorique a su donner du répondant aux quatuor d’artistes, longtemps applaudis et rappelés à remonter sur scène pour la dernière escale de ce beau voyage onirique à travers l'Andalousie et la Méditerranée.
«La manière de chanter les textes qui donne de la présence et tout le caractère de fierté qui se dégage des danses font penser à notre façon d’être à nous», lance une dame accompagnée par son mari. Patricia Prieto, Sara Nieto, Manuel Serena et Luis Miguel Manzano sont membres de la Fondation «Casapatas» (La maison des pattes) qui réunit un nombre important de chanteurs, de musiciens et de danseurs, dont l'objectif est de «promouvoir le Flamenco à travers le monde», selon Raquel Roméo, directrice de l'Institut Cervantès d'Alger, initiateur de l'évènement. Organisé en collaboration avec la Radio algérienne, le spectacle «Sevillanas Flamenclorikos» a déjà été présenté dans les villes de Bejaïa et Annaba.
