Culture

Mois du patrimoine: Une vocation culturelle pour la Grande Poste d'Alger

Publié par Par Said Ait Cherkit le 11-05-2015, 17h18 | 60
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Joyau architectural et repère pour les Algérois, la Grande Poste, édifice emblématique actuellement en restauration, semble vivre dans l'isolement alors même que ses attributs patrimoniaux la promettent à une destinée muséale, en plus de sa fonction première d'utilité publique.

«En passant devant cet édifice-monument, rien ne m'invite à monter ses marches, car il est en rupture totale avec la ville et ses habitants, n’appelant ni à l'échange ni à la découverte», regrette l'architecte et musicien Mahrez Bennani.

Construite en 1911 par les architectes Jules Voinot et Denis Marius Toudoire, la Grande-Poste, un édifice représentatif de l'architecture néo-mauresque, «est dotée de techniques d'ornement intelligentes qui donnent à la construction une esthétique à la dimension culturelle et historique», note l'architecte restaurateur Kamel Samar dans une étude consacrée à l'imposant bâtiment algérois. Ravagée en partie par un incendie en 2012, la Grande-Poste vit depuis près de trois mois au rythme de travaux de restauration d'urgence, entamés suite au constat du CTC (Contrôle technique de la construction).

«Les travaux en cours, concernent uniquement le renforcement et la sécurisation de la structure dont certaines parties sont en état de dégradation avancée», explique le directeur opérationnel des Télécommunications d'Alger Centre, Sid Ali Merah.

Propos confirmés par Kamel Zmirli, chargé d'étude récemment désigné pour suivre les travaux de restauration de l'édifice qui déplore «l'absence totale de coordination» entre Algérie Télécom, Algérie Posteet Mobilis, les trois entreprises «héritières» de la Grande-Poste que l'architecte restaurateur souhaite voir coordonner leur action pour une prise en charge «rigoureuse» et «effective» de l'édifice comme bien patrimonial «à même de permettre l'ouverture d'un espace-musée», dit-il.

Mahrez Bennani est séduit, lui aussi, par l'idée d'un espace offrant un service public par excellence, poste et télécommunication, en même temps que la possibilité à ses usagers d'admirer des œuvres d'art: «ce beau bâtiment historique (La Grande-Poste) offre la perspective d'un lieu culturel central (...) et devrait être rendu à la ville pour accueillir un musée», soutient-il.

Comme tous les édifices publics en attente d'être classés, la Grande Poste «figure bien dans les carnets» du ministère de la Culture, affirme le directeur de la protection légale du patrimoine au ministère de la Culture, Mourad Betrouni qui précise, en revanche, qu' «aucune demande de classement de l'édifice n'a été formulée jusqu'à présent» par le ministère des Postes.

Un musée thématique

Favorables au classement de ce bâtiment emblématique d'Alger, des artistes et architectes interrogés par l'APS, s'enthousiasment à l'idée de donner une dimension culturelle à la Grande-Poste, un édifice central qui draine chaque jours des centaines d'usagers. «Le rapport de la poste avec la ville est depuis toujours des plus forts», fait remarquer Arezki Larbi, plasticien et scénographe qui préconise un musée thématique lié à l'histoire de l'édifice et retraçant ses différentes étapes depuis son inauguration.

«Opter pour un musée de la poste, par exemple, fera revivre des milliers d'objets propres à la poste et à ses employés à travers les époques», plaide cet artiste qui rappelle que beaucoup de timbres postaux portent la griffe de peintres prestigieux, comme Mohamed Racim, M'hamed Issiakhem, Mohamed khedda, Baya, entre autres artistes «méritant d'être célébrés à travers des expositions permanentes ou ponctuelles» dans les murs mêmes de la Grande-Poste.

D'aucuns verraient d'un bon oeil le retour des portraitistes qui ont longtemps occupé les marches et le parvis de la Grande-Poste, proposant leurs services aux clients et aux passants. Contraints de quitter les abords de l'édifice, quelques uns de ces artistes se retrouvent dans d'autres artères de la ville où ils poursuivent difficilement leur art, une activité qui aurait toute sa raison d'être dans le prolongement d'un musée qu'abriterait la Grande Poste et viendrait compléter sa vocation culturelle, estime-t-on.

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