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Crise au Burundi : les pourparlers pouvoir - opposition ajournés, l'ONU met en garde contre un conflit majeur

Publié par Ramdane TAMANI le 19-07-2015, 19h23 | 19
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Les pourparlers entre le pouvoir et l'opposition, destinés à sortir le Burundi de la crise qu'il traverse depuis fin avril, ont été ajournés sine die dimanche par la médiation ougandaise en raison de l'absence du gouvernement, au moment où la communauté internationale a mis en garde contre «un conflit majeur» dans ce pays, susceptible d'affecter le région des Grands Lacs.

Le ministre burundais de l'Intérieur, Edouard Nduwimana, avait annoncé tôt dimanche vouloir «interrompre» le dialogue pour déterminer «la suite à y donner».

A la mi-journée (heure locale), aucun représentant du camp présidentiel (gouvernement, parti CNDD-FDD au pouvoir et alliés) n'était présent à l'hôtel de Bujumbura où se tiennent les discussions, qui n'avaient toujours pas repris, trois heures après l'horaire prévu, selon des médias.

«Il faut être deux pour dialoguer. L'absence du gouvernement signifie que nous devons suspendre jusqu'à ce qu'il soit prêt à continuer le dialogue», a expliqué le médiateur ougandais, Crispus Kiyonga, à la presse.

«Nous avons attendu, passé des coups de fil et nous n'avons vu personne du gouvernement, nous n'avons reçu aucune réponse à nos appels téléphoniques», a-t-il déploré.

Reprise du dialogue... optimisme de la médiation
«Le dialogue n'est pas terminé», a néanmoins assuré le médiateur. «Dès que nous serons prêts, nous reviendrons» aux discussions, a-t-il affirmé, laissant «le bénéfice du doute au gouvernement». «Nous devons donner une chance au gouvernement.

Peut-être que d'ici la fin de la journée ils nous diront ce qui s'est passé», a-t-il ajouté.
Les discussions «n'ont pas échoué» et des «résultats» ont été obtenus, a poursuivi le ministre ougandais de la Défense, qui a pris le relais jeudi à Bujumbura de son président Yoweri Museveni, mandaté par ses pairs de la Communauté est-africaine (EAC) pour assurer la médiation entre acteurs de la crise burundaise.

«Un, c'était la première fois que l'opposition et le gouvernement s'asseyaient ensemble», «deux, ils se sont mis d'accord sur quels étaient les problèmes, trois, ils ont commencé à discuter» et «sont parvenus à un consensus sur le sujet de la sécurité» et du retour des 150.000 réfugiés qui ont fui dans les pays voisins le climat préélectoral délétère au Burundi, selon M. Kiyonga.

L'ONU met en garde contre «un conflit majeur» dans le pays
Récemment, un groupe d'experts des droits de l'homme des Nations unies a exhorté le Conseil de sécurité de l'ONU à prendre des mesures immédiates pour empêcher le Burundi de sombrer dans un conflit violent avant l'élection présidentielle.

«La communauté internationale ne doit pas simplement rester là à attendre que des atrocités de masse soient commises et risquer ainsi un conflit majeur ayant une dimension régionale avant de se décider à agir», ont déclaré ces experts, rappelant les cycles répétés de violence au Burundi et dans la région des Grands Lacs au cours de l'histoire récente.

La situation actuelle au Burundi a déjà été marquée par des violations graves des droits de l'homme, ont-ils souligné. Selon eux, «cela peut dégénérer en un conflit majeur avec la répression et l'intimidation de la population, l'instrumentalisation de la police, la fermeture de médias indépendants, et la détention de dirigeants de l'opposition et de la société civile».

«Nous assistons également à des efforts pour exercer des pressions sur le pouvoir judiciaire, dont certains des membres les plus hauts placés ont fui le pays affirmant que leurs vies étaient en danger», ont-ils ajouté. «Le report de six jours de cette élection initialement prévue le 15 juillet ne change rien à cette situation», ont-ils estimé.

Les experts ont prévenu que cette élection risque de générer une grande instabilité et des affrontements au Burundi, pouvant se propager dans la région, rappelant que «le Conseil de sécurité a un rôle unique en matière de paix et de sécurité et de prévention des conflits dans le monde».
«Il s'agit d'une crise qui est tout à fait évitable et dont tout le monde peut voir les risques. Ce qui manque c'est l'action», ont-ils insisté.

Quatre postulants pour le scrutin du 21 juillet
La candidature du président Pierre Nkurunziza, qui brigue un troisième mandat à la présidentielle prévue mardi, a plongé depuis fin avril le Burundi dans une grave crise émaillée de violences ayant fait plus de 80 morts. Les adversaires de M. Nkurunziza estiment que la Constitution lui interdit de se représenter.

Outre le président sortant, candidat du parti CNDD FDD, trois autre candidats sont en lice pour ce scrutin, à savoir, Gérard Nduwayo, candidat du parti UPRONA, Jacques Bigirimana, candidat du parti FNL et Jean de Dieu Mutabazi, candidat de la coalition des partis d'une opposition participative COPA.

 

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