Culture

Constantine 2015 : La confection en «live» de la Chedda tlemcénienne, attraction de la Semaine de l’artisanat

Publié par Moza Daghiche (APS) le 17-09-2015, 22h06 | 98
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Le stand de l’artisan tisserand Larbi Abderrafik, originaire de Tlemcen, spécialiste du «mensoudj», l’étoffe servant à confectionner la traditionnelle Chedda tlemcénienne, est sans conteste l’attraction n° 1 de la Semaine de l’artisanat ouverte hier à Constantine.

Organisé au Palais de la culture Mohamed-Laïd-Al- Khalifa, dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale 2015 de la culture arabe», le salon qui se tient à cette occasion attire de nombreuses Constantinoises en quête de nouvelles idées pour perpétuer leur élégance.

Des femmes, a-t-on observé, très attentives, examinant la large palette des coupons de mensoudj, admirant le doré, l’argenté et les couleurs de ces soieries et appréciant, admiratives, la douceur que confère le tissu au toucher.

Entre deux potentielles clientes, Larbi prépare son métier à tisser en bois pour lancer sa nouvelle confection en «live», au bonheur des visiteurs (des visiteuses, surtout), ravis de découvrir un artisanat constituant un pan important de l’identité de la capitale des Zianides.

 

La passion au bout des fils

Avec des gestes habiles et très assurés, le maître-artisan actionne les lisses en soie à l'aide de deux pédales et fait monter et descendre les fils de chaîne devant un groupe de femmes, véritables «fans» des belles étoffes.

«Cela fait vingt-sept ans que je pratique ce métier», précise ce quadragénaire à l’APS, affirmant avoir appris le métier dans les «derbs» de la vieille ville

«Agadir» de Tlemcen. Tout en évoquant son parcours dans l’art de la soie, Larbi fait passer le fil de trame entre les fils de chaîne, à droite puis à gauche, à l'aide d'une poignée en bois. «Il y a 3.840 fils blancs en soie sur ce métier à tisser, et dans quelques jours, ils vont donner un coupon de trois mètres et demi», lance fièrement le tisserand tout en tassant le fil de trame dans un geste fluide. Ancien parmi les plus anciens dans ce métier artisanal dans la perle du Maghreb, Larbi souligne «l’importance d’un bon approvisionnement en matière première». La qualité du fil est «primordiale car c’est de ce fil que dépend le résultat du tissage, comme vous pouvez le voir», tient-il à préciser.

Joignant le geste à la parole, l’artisan exhibe avec fierté sa production: un coupon dont la couleur semble changer au reflet de l’éclairage. «Il est très prisé à Tlemcen», souligne-t-il à l’adresse du groupe de femmes qui suit, les yeux écarquillés, l’oeuvre de l’artisan.

 

La Chedda, une tenue princière qui fait rêver les Constantinoises

Evoquant un métier «devenu une véritable passion au fil des années», l’artisan fait part de sa crainte de voir cet art disparaître, «faute de relève et sous les coups de boutoir de la fabrication industrielle». Larbi qui tient un local au centre de l’artisanat au quartier de Bab Zir, à Tlemcen, ajoute: «El Mensoudj est un métier, un art et un patrimoine, c’est pourquoi je suis intimement convaincu que la valorisation de son image de marque permettrait de perpétuer cet artisanat».

Indiscutablement, la présence du Mensoudj, «le vrai Mensoudj de Tlemcen», pour reprendre l’expression d’une visiteuse du salon, est la plus belle attraction de ce salon de la Semaine de l’artisanat, ou tout du moins la plus «courue» depuis l’ouverture de la manifestation.

Seules ou par groupe, des femmes s'enquièrent des prix, des couleurs et des dernières tendances en matière de Mensoudj dans l’Oranie. Entre celle qui commande un coupon, celle qui achète sur place et les autres qui «réclament» une adresse de bonne couturière spécialisée dans les robes oranaises, le tisserand semble conclure de bonnes affaires. Le coupon de trois mètres et demi de Mensoudj est cédé entre 25.000 et 45.000 dinars en fonction des motifs et des couleurs, souligne l’artisan.

La Chedda, tenue algérienne authentique s’il en est, celle-là même que portaient les princesses zirides, coûte entre 80.000 et 150.000 dinars.

Le prix est justifié par la haute qualité du tissu utilisé et aussi les bijoux qu’il faut porter avec cette tenue luxueuse, devenue patrimoine mondial culturel de l’Unesco.

«Ce genre de salon est la meilleure opportunité pour dévoiler le savoir-faire artisanal», précise Larbi qui revient vite à son métier à tisser. Par des mouvements ordonnés et rythmés, le tisserand tasse le fil de trame, dans un claquement résonnant tel un instrument de percussion.

Par Moza Daghiche (APS)

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