Monde

La diplomatie marocaine de revers en revers

Publié par Hamid A. le 12-12-2015, 21h33 | 69
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La diplomatie marocaine enregistre revers sur revers dans son obstination à vouloir imposer « sa solution » sur le Sahara Occidental que la Royaume alaouite occupe illégalement depuis bientôt une quarantaine d’années.

Le dernier en date, et non des moindre, vient de survenir, jeudi, à Strasbourg où le Parlement européen a invalidé l’Accord Agricole signé en 2012 avec le Maroc. Les eurodéputés ont estimé que non seulement ce pays occupe un territoire non autonome, en violation du principe inaliénable du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », mais plus encore, exploite les richesses agricoles de ses habitants qu’il écoule à bas prix sur le marché de l’Union Européenne, défiant toute concurrence des agriculteurs espagnols où français.

 

Entre intérêts économiques et politiques

Le combat mené par le Front Polisario pour dénoncer sur la scène internationale un tel accord a donc été concluant jeudi dernier. Ce n’est encore que le début d’une action qui se situe sur le terrain économique, le Maroc voulant, à travers les conventions dans les secteurs de l’agriculture, de la Pêche et des mines, accréditer sa thèse de « sa souveraineté » sur l’ancienne colonie espagnole. C’est cet objectif politique, non spécifié dans le texte, qui est, en réalité, à la base même de tous les accords signés avec Bruxelles. Pour beaucoup de pays européens, en revanche, ce sont les intérêts économiques qui priment. C’est le cas pour l’Espagne dont les pêcheurs sont les bénéficiaires quasi exclusifs de l’Accord de Pêche UE-Maroc, signé le mois de février 2009. Sur les 120 chalutiers européens autorisés à mouiller dans les eaux marocaines, par extension aussi dans ceux du Sahara occidental, une centaine est de nationalité espagnole. Les 20 autres sont portugais.

Lorsque cet accord avait été reconduit pour une année, le gouvernement marocain qui perçoit 40 millions d’euros en contrepartie des licences de pêche qu’il accorde, s’est appuyé sur cet argument commercial pour l’interpréter comme la « reconnaissance de sa souveraineté et de son intégrité territoriale par l’Euro-pe ». Rien n’est plus faux pourtant. En dehors la France, sous Nicolas Sarkozy et Chirac, avec les complicités des gouvernements espagnols, socialiste ou conservateur, les autres capitales européennes avaient pris leurs distances avec ces transactions commerciales illégales. C’est le cas de l’Allemagne et davantage encore celui des pays scandinaves, comme la Suède dont le Parlement a été saisi, récemment, d’un projet de « reconnaissance de la République du Sahara Occidental », expression utilisée par les auteurs de ce document, pour désigner la RASD. Rabat a fait des vagues à la suite de cette initiative allant jusqu’à convoquer des « manifestations de masse » devant le siège de l’ambassade de Suède et geler les activités commerciales suédoises au Maroc. Une menace aussi indirecte pour les autres pays scandinaves afin de les dissuader de prendre exemple sur Stockholm.

 

Vers des pressions de l’Onu sur Rabat ?

La série de revers, il faut aussi la voir dans les pressions que le Royaume alaouite exerce sur le médiateur de l’Onu pour le Sahara Occidental. Christopher Ross a été empêché de se rendre à Al Ayoune lors de sa récente tournée maghrébine.

Le motif est clair. Le diplomate américain n’a jamais eu bonne presse à Rabat à cause de son attachement au droit à l’autodétermination et de son refus de présenter au Conseil de Sécurité le plan d’autonomie marocain comme « base de négociations » entre les deux parties impliquées dans le conflit sahraoui, le Front Polisario et le Maroc. Dans le rapport qu’il vient de présenter à huis clos au Conseil de sécurité, le représentent de l’Onu aurait insisté sur « plus d’engagement de la communauté internationale » pour rompre le statu quo au Sahara Occidental qui arrange, bien évidemment, les affaires de l’occupant, et aller vers des négociations officielles, et non plus informelles, comme c’est le cas depuis le début de cette décennie.

La diplomatie sahraouie, elle, qui enregistre succès sur succès et plus de reconnaissance de la légitimité de son combat, en Afrique, en Amérique latine mais aussi en Europe, va concentrer aussi son action sur la surveillance des droits de l’homme et la fin de toute activité des entreprises étrangères dans le pillage des richesses du peuple du Sahara Occidental.

Hamid A.

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