Coopération

Selon le politologue français Bertrand Badie : L'humiliation dans les relations internationales est une «pratique stratégique»

Publié par DK News le 26-02-2016, 21h45 | 131
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L'humiliation dans les relations internationales est devenue une «pratique stratégique» en raison de «sa localisation dans le centre des relations mondiales ainsi que son lien étroit avec la violence», a déclaré jeudi à Alger M. Bertrand Badie, politologue français spécialiste des relations internationales. S'exprimant dans le cadre d'une conférence organisée par l'Institut national d'études de stratégie globale (INESG) sous le thème : «L'Humiliation dans les Relations internationales», M. Bertrand a expliqué que «l'humiliation, actuellement au centre des relations internationales, était une discipline jeune née après la deuxième guerre mondiale, lorsque l'impuissance a remplacé la puissance». «Elle est devenue une pratique stratégique en raison de sa localisation dans le centre des relations mondiales ainsi que son lien étroit avec la violence», a-t-il souligné. Citant l'Algérie comme un «exemple remarquable du néo-souverainisme» en relations internationales, qui «se traduit par ses positions originales et la place qu'elle occupe sur la scène mondiale», le politologue français a indiqué que «pour comprendre les relations internationales, il fallait comprendre l'interaction entre la puissance et l'humiliation», qui finalement est «un phénomène humain qui régit toute relation sociale». «L'humiliation dans les relations internationales est définie comme toute prescription autoritaire d'un statut à un autre et qui est inférieur à celui auquel il s'attend ou peut prétendre», a-t-il relevé, notant que «la question du statut est devenue plus importante que la puissance». Ainsi, l'humiliation, par définition, est une manière de faire régresser certains Etats dans l'échelle de classement des Nations. Le conférencier a relevé que «l'humiliation a, en relations internationales, une importance moderne. Jusqu'en 1989, le système des relations mondiales était défini par un modèle classique composé de proches et d'égaux -on n'humilie pas son égale mais on entre en compétition de puissance».

«L'introduction de l'humiliation dans le système international s'explique d'abord par la socialisation de la vie internationale avec une entrée tardive mais réelle des sociétés dans les relations mondiales û le guerre n'est plus un choc entre Etats mais entre peuples-, vient ensuite la mondialisation progressive et contemporaine, qui a conduit un reconfiguration du système international avec des enjeux socio-économiques et non géostratégiques», a-t-il précisé. «La dérégulation des relations internationales ou dérive de la diplomatie», est la troisième et dernière cause de cette propriété structurelle du système  international, qui, précise Bertrand Badie, porte «directement atteinte» aux chances de coexistence. «Les inégalités et la non intégrité dans les sociétés sont la vraie menace des relations internationales, car elles créent une solidarité avec les conflits et la violence», a-t-il noté. L'enseignant-chercheur associé au Centre d'études et de recherches internationales (CERI), n'a pas également manqué d'expliquer qu'il «existait quatre types d'humiliation: par rabaissement de l'autre pour prendre avantage, par le dénis d'égalité, par relégation notamment par la création d'Etats passifs et enfin par la stigmatisation», relevant que ces deux derniers paramètres créent «une diplomatie de défiance qui écarte toute chance de reprise de relations». Estimant que «l'humiliation, telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui, crée de la pathologie», M. Badie a assuré que «pour arriver à la paix dans le monde, il était impératif d'atteindre la sécurité alimentaire, sécuritaire, sanitaire, individuelle, culturelle (protection des minorités), politique, et économique».

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