De plus en plus de salariés, et quelle que soient leurs professions sont soumis à d'intenses pressions et un stress permanent. Ils subissent le burn-out, ou syndrome d'épuisement professionnel.
En France, le syndrome n'est pas reconnu comme une maladie professionnelle, alors qu’elle l’est au Japon depuis 1970. Mais les spécialistes le connaissent bien.
Le syndrome, qui jusqu’à présent visait surtout les salariés dont l'activité impliquait un contact relationnel important comme les enseignants ou les professions médicales, touche depuis dix ans toutes les catégories professionnelles, selon les spécialistes.
" Le burn-out est un sujet qu'il faut prendre à bras-le-corps, il y a déjà eu trop de drames dans l'entreprise", alerte Sébastien Busiris (FO). Il plaide pour sa reconnaissance en tant que maladie professionnelle, comme ses homologues syndicalistes (CFDT, CGT, CFE-CGC) présents lors du colloque organisé par Jean-Claude Delgènes, directeur du cabinet de prévention des risques professionnels Technologia.
Le contexte professionnel actuel se durcit avec un "chômage de masse qui dure, de nouvelles organisations du travail aggravées par l'exigence de rentabilité, des objectifs de moins en moins réalistes et une gouvernance non-respectueuse de l'humain" explique le docteur Agnès Martineau-Arbes.
"Le burn-out est nécessairement lié au travail : c'est un sur-engagement professionnel caractérisé par un épuisement émotionnel, une perte d'estime de soi et la déshumanisation de la relation à l'autre", expliquait le docteur Agnès Martineau-Arbes.
Pour ce médecin du travail, le terme anglais résume bien l'état d'une personne qui "se consume, physiquement et moralement jusqu'à épuisement total, jusqu'à avoir brûlé toutes ses réserves". Il atteint des personnes "extrêmement engagées dans leur travail et qui veulent bien faire", précise-t-elle.
Le dépistage "est extrêmement complexe, et une fois diagnostiqué, le traitement est long et difficile", prévient le Dr Martineau-Arbes. "Le retour au travail peut parfois prendre des années. On ne sort pas indemne d'un burn-out, on en garde des traces et des séquelles", conclut le médecin du travail.
"Exposé à un stress permanent, le salarié n'arrive pas à décrocher, augmente les cadences (...). Il en fait de plus en plus pour des résultats de moins en moins bons. Pour finir, le salarié acquiert la conviction qu'il est devenu incapable de faire son travail", résume Mme Martineau-Arbes.
Le salariés proches d’un burn-out sont souvent atteints de troubles du sommeil, fatigue, perte de mémoire et de concentration, symptôme dépressif, problèmes de dos, d'ulcères, hypocondrie, irritabilité et une anxiété qui peut aller jusqu'à la panique. Il peut aussi y avoir une surconsommation d'alcool, de cigarettes et de drogues.
