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Tentative de coup d'état en Turquie : Erdogan reprend la main, la situation «sous contrôle»

Publié par DKNews le 16-07-2016, 18h57 | 56
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Le président turc Recep Tayyip Erdogan semblait avoir repris la main hier après une tentative de putsch sanglante de militaires rebelles à laquelle se sont opposés des forces loyalistes et des dizaines de milliers de personnes descendues dans les rues pour soutenir leur président.

La tentative de putsch a été mise en échec tel qu'annoncé par le chef de l'armée turque par intérim, le général Ümit Dündar, et les autorités ont repris le contrôle du Parlement, qui s'est réuni hier en session extraordinaire, au moment où des «tirs sporadiques» résonnaient encore dans certains quartiers d'Istanbul et Ankara où des affrontements, avec avions de chasse et chars, ont donné lieu à des scènes de violences inédites depuis des décennies, ayant fait 261 morts dont 104 putschistes, selon le dernier bilan officiel.

La situation est «entièrement sous contrôle», a ensuite déclaré le Premier ministre turc Binali Yildirim, qui a affirmé qu'au total, 2.839 militaires ont été arrêtés en lien avec cette tentative qu'il a qualifiée de «tache» sur la démocratie turque.

Des télévisions rapportaient que le chef d'état-major des armées turques, le général Hulusi Akar, retenu par les putschistes dans une base aérienne de la banlieue d'Ankara, avait été libéré et conduit en lieu sûr.

De nombreux hauts responsables militaires s'étaient désolidarisés publiquement dans la nuit des putschistes, dénonçant «un acte illégal» et appelant les rebelles regagner leurs casernes.
A Ankara, un avion avait largué tôt hier une bombe près du palais présidentiel, aux abords duquel des avions de chasse F-16 ont bombardé des chars de rebelles, selon la présidence.

Selon un responsable, les forces spéciales avaient commencé à sécuriser le bâtiment.
Les autorités à Istanbul tentaient de normaliser la situation, en rouvrant la circulation sur les différents ponts sur le Bosphore où les rebelles avaient dans la nuit ouvert le feu sur des civils.

L'aéroport international Ataturk - qui avait été fermé par les putschistes - reprenait graduellement ses activités.

Dans les rues, des dizaines de milliers de personnes, brandissant souvent des drapeaux turcs, ont bravé les militaires rebelles, grimpant sur les chars déployés dans les rues ou se rendant à l'aéroport d'Istanbul pour accueillir M. Erdogan, rentré précipitamment de vacances dans la mégalopole dont il fut longtemps maire et qui est son fief.

C'est peu avant minuit (21h00 GMT) qu'un communiqué des «forces armées turques» avait annoncé la proclamation de la loi martiale et d'un couvre-feu dans tout le pays, après des déploiements de troupes notamment à Istanbul et dans la capitale Ankara.

Un «Conseil de la paix dans le pays» dit alors avoir «pris le contrôle dans le pays» pour «assurer et restaurer l'ordre constitutionnel, la démocratie, les droits de l'homme et les libertés et laisser la suprématie de la loi prévaloir sur le pays», selon un communiqué.

Erdogan réplique au coup d'Etat, reprend la main

Le président turc Recep Tayyip Erdogan qui est rentré tôt hier à l'aéroport d'Istanbul devant une foule compacte de sympathisants, a déclaré que l'hôtel où il se trouvait en vacances à Marmaris - station balnéaire du sud-ouest du pays - avait été bombardé après son départ.

M. Erdogan, cible ces dernières années de critiques l'accusant de dérive autoritaire, a répliqué à la tentative de coup d'Etat en appelant depuis Marmaris la population à s'opposer au putsch, dans une intervention en direct à la télévision depuis un téléphone portable.

«Il y a en Turquie un gouvernement et un président élus par le peuple» et «si Dieu le veut, nous allons surmonter cette épreuve», a-t-il lancé.

«Ceux qui sont descendus avec des chars seront capturés», a-t-il renchéri à son arrivée à l'aéroport d'Istanbul, dénonçant une «trahison» devant une foule compacte de sympathisants.

Et de féliciter les Turcs pour être descendus «par millions» dans les rues, notamment sur l'emblématique place Taksim à Istanbul, noire de manifestants conspuant les putschistes.
Depuis l'arrivée au pouvoir de M. Erdogan, la hiérarchie militaire a été purgée à plusieurs reprises.

L'armée de ce pays clé de l'Otan, qui compte 80 millions d'habitants, a déjà mené trois coups (1960, 1971, 1980) et forcé un gouvernement d'inspiration islamiste à quitter sans effusion de sang le pouvoir en 1997.

Avec 510.600 actifs, l'armée turque, dont une partie a tenté le putsch militaire dans la nuit de vendredi à samedi, est la deuxième en effectifs de l'OTAN après l'armée américaine et passe pour l'une des forces les mieux entraînées au monde. La Turquie participe également à la coalition internationale contre les terroristes du groupe autoproclamé Etat islamique (EI/Daech) en Syrie.

Les putschistes accusés de lien avec le prédicateur Fethullah Gülen

Le président Erdogan a accusé les putschistes d'être liés au et prédicateur islamique Fethullah Gülen, un ancien allié exilé depuis des années aux Etats-Unis.

Ce dernier, à la tête d'un mouvement puissant en Turquie, qui compte un grand réseau d'écoles (en Turquie mais aussi dans le monde), d'ONG et d'entreprises sous le nom d'Hizmet (Service, en turc) est «très influent» dans les médias, la police et la magistrature.

M. Gülen est devenu l'«ennemi public numéro un» de l'homme fort de la Turquie après un scandale de corruption de la fin 2013, visant le cercle proche du président.
Le régime turc considère que M. Gülen, un ex-allié de M. Erdogan, est à la tête d'une «organisation terroriste».

Ankara avait par le passé demandé à Washington de l'expulser, ce que les Américains ont toujours refusé.

Selon l'agence de presse turque Anadolu, quelque 1.800 personnes, y compris 750 officiers de police et 80 soldats ont été mis en prison ces deux dernières années dans le cadre de la lutte contre le mouvement de Fethullah Gülen.
Quelque 280 sont toujours derrière les barreaux en attendant leur procès.


Vives condamnations internationales

La tentative de coup d'Etat militaire contre le président turc Recep Tayeb Erdogan, dans la nuit de vendredi à samedi, a suscité de vives inquiétudes de la communauté internationale, qui a condamné la démarche et appelé au respect de la constitution et de l'ordre démocratique.

De nombreux pays ont fait état de leur préoccupation face à l'évolution de la situation en Turquie et les violents affrontements qui ont fait 161 morts et 1.440 blessés parmi les forces loyalistes et les civils.

Le président des Etats-Unis Barack Obama a exhorté toutes les parties en Turquie à soutenir le gouvernement turc «démocratiquement élu» du président Recep Tayyip Erdogan, selon un communiqué de la Maison-Blanche.

M. Obama a aussi appelé à «faire preuve de retenue et éviter violence ou bain de sang» en Turquie.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé un retour rapide et pacifique du pouvoir civil en Turquie.

«Les interférences des militaires dans les affaires de n'importe quel Etat sont inacceptables», a déclaré M. Ban dans un communiqué.

«Il est crucial de réinstaurer le pouvoir civil et l'ordre constitutionnel rapidement et pacifiquement en accord avec les principes de la démocratie», a-t-il ajouté.

L'Union européenne a appelé elle aussi à un «retour rapide à l'ordre constitutionnel en Turquie», dans un communiqué commun du président du Conseil Donald Tusk, de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et de la chef de la diplomatie européenne.

La Russie pour sa part, s'est dite «extrêmement inquiète» de la situation, selon le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, précisant que le président Vladimir Poutine était «tenu constamment informé».

En visite à Moscou, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a dit espérer la paix, la stabilité et la «continuité» du pouvoir en Turquie, tandis que son homologue russe Sergueï Lavrov a appelé les Turcs à «éviter tout affrontement meurtrier»et demandé à ce que les problèmes de la Turquie soient «résolus dans le respect de la Constitution».

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a appelé de son côté au «calme» et au «respect total des institutions démocratiques en Turquie», «allié estimé» de l'alliance militaire saluant «le fort soutien montré par le peuple et tous les partis politiques à la démocratie et au gouvernement démocratiquement élu de Turquie».

La France a également demandé d'«éviter toute violence» et de «respecter l'ordre démocratique» en Turquie.

En Grèce voisine, le Premier ministre grec Alexis Tsipras a fait part de son «soutien au gouvernement démocratiquement élu» de Turquie via un contact de ses services avec ceux de M. Erdogan, a indiqué une source gouvernementale grecque.

En Iran, également limitrophe de la Turquie, le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, a fait part de la «grande inquiétude» de son pays, a rapporté le site du gouvernement iranien.
«Nous exprimons notre grande inquiétude devant les événements qui sont en train de se produire en Turquie».

En Allemagne et en Autriche, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblés dans le calme dans différentes villes pour manifester contre le putsch militaire, après l'appel de la cancelière allemande au «soutien du gouvernement élu» et le «respect de l'ordre démocratique».
Le Qatar, et le Pakistan ont condamné fermement cette tentative de putsch et réaffirmé leur solidarité et soutien avec la Turquie.


Pas de victimes algériennes dans les évènements qui secouent la Turquie

Aucun citoyen algérien ne figure parmi les victimes des évènements qui secouent la Turquie depuis vendredi suite à la tentative de coup d'Etat, a indiqué samedi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Dans une déclaration à l'APS, M. Abdelaziz Benali Cherif, a affirmé qu'«aucun citoyen algérien résident ou en visite en Turquie ne compte parmi les victimes des évènements qui secouent la Turquie depuis hier (vendredi) suite à la tentative de coup d'Etat».

«Nos services diplomatiques et consulaires à Ankara et à Istanbul suivent de près les développements de la situation et travaillent en collaboration avec la représentation d'Air Algérie pour le rapatriement, si c'est possible, dès aujourd'hui (samedi) des voyageurs algériens restés bloqués du fait de la fermeture de l'aéroport Atatürk d'Istanbul», a-t-il assuré.

Le porte-parole a indiqué, en outre, que le ministère des Affaires étrangères, «compte tenu de la persistance de la tension notamment dans les villes d'Istanbul et d'Ankara, conseille aux Algériens se trouvant en Turquie de rester au niveau de leurs lieux de résidence, d'éviter de se mêler à la foule et de limiter leurs déplacements sauf en cas de nécessité absolue».

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