A l’occasion de la journée mondiale de l’autisme, qui coïncide avec le 4 avril de chaque année, une journée de formation et de sensibilisation sur cette maladie a été organisée, hier, à l’institut national de santé publique (INSP) de Ben Aknoun.
lusieurs professionnels de la santé nationaux et internationaux ont pris part à cette rencontre pour échanger leurs expériences et des informations sur la prise en charge de l’autisme.Il est ressorti de cette journée d’étude et d’évaluation que l’Algérie manquait crument de centre de prise en charge, de diagnostic et du suivi de cette maladie psychiatrique. A cet effet, des psychiatres spécialisés dans cette maladie ont appelé à la création d’un centre de référence de diagnostic et d’orientation sur l’autisme pour le suivi médical et psychologique des enfants et l’orientation des parents.
«L’autisme est une maladie courante en Algérie et très peu d’établissements de prise en charge de cette pathologie mentale sont recensés dans le pays », a souligné, à ce propos le chef de service pédopsychiatrie de l’EHS Chéraga, Asma Oussedik, appelant « à la création d’un centre de référence pour le suivi des malades ». Le Dr Oussedik a fait un constat négatif sur l’état des lieux de cette affection mentale en Algérie étant donné qu’uniquement quatre établissements hospitaliers de diagnostic et de traitement existent à l’échelle nationale.
Pour le chef de service pédopsychiatrie, il est impératif de créer un centre pilote dédié à la maladie et de renouveler cette expérience dans les autres wilayas du pays.
Le personnel soignant doit être formé
Il est à rappeler que la spécialité de pédopsychiatrie, volet psychiatrique réservé à l’enfant, n’existait pas en tant que spécialité en Algérie. Ce n’est qu’en juillet 2013 qu’un décret ministériel a institutionnalisé cette discipline et que des résidents en médecine ont commencé à se former dans ce secteur médical.
A ce sujet, le Dr Oussedik a noté qu’il était important de former des médecins, psychologues, infirmier, orthophonistes et éducateurs à la prise en charge de cette maladie mentale. La même intervenante a aussi insisté sur le volet formation et a suggéré la formation de médecins généralistes sur le dépistage de cette maladie psychiatrique pour une prise en charge précoce de l’enfant.
Elle a rappelé à ce sujet qu’un retard dans le suivi des enfants autistes pouvait conduire à un retard mental se répercutant sur l’acquisition de l’autonomie sur le plan comportemental, alimentaire et sphinctérien.
S’agissant de la prévalence de l’autisme, la spécialiste a indiqué que ce trouble envahissant du développement était une affection psychiatrique très fréquente chez les enfants. Elle a cité dans ce sens comme exemple l’EHS de Chéraga qui diagnostic en moyenne deux cas d’autisme par jour. « Sur les 5 000 enfants admis à l’EHS de Chéraga, la majorité d’entre eux souffrent d’autisme », a relevé le Pr Oussedik.
L’autiste doit être suivi dès le jeune âge pour l’amélioration de son état
De son côté, le Pr Farid Kacha, président de la Société algérienne de psychiatrie, a insisté sur l’importance de la mise en place d’un réseau national de l’autisme formé de psychiatres, psychologues, orthophonistes et éducateurs afin d’orienter et d’informer les familles des malades.
Il a conseillé aux parents de prêter davantage attention à leurs enfants pour détecter des anomalies comportementales et consulter un spécialiste le plus précocement possible pour éviter les complications de la pathologie.
Du point de vue prise en charge, le doyen des psychiatres algériens a souligné que l’enfant devait être suivi sur le plan thérapeutique et éducatif. Il a souligné à ce propos que plusieurs programmes thérapeutiques étaient appliqués par le personnel soignant à savoir, le programme d’Eric Shopler et le programme ABA. Pour le Pr Kacha, un autiste prise en charge précocement peut s’insérer dans la société, apprendre les gestes du quotidien, devenir autonome, aller à l’école et suivre des études. « Du moment où l’enfant autiste est encadré et trouve un environnement adéquat d’apprentissage et de socialisation, il peut parfaitement bien mener une vie normale », a souligné le spécialiste.
Les parents doivent également s’impliquer dans la stimulation des enfants à travers des activités pédagogiques pour booster l’enfant et améliorer son état, a ajouté le Pr Kacha. Le spécialiste a estimé que les enfants suivis à partir de deux ans pouvaient être scolarisés et suivre des études universitaires.
L’autisme est un trouble envahissant du développement se caractérisant par une atteinte des interactions sociales et communicatives. Parmi les signes de l’autisme figurent, les troubles de l’interaction et du contact, la fuite du regard, l’indifférence aux autres, le retrait, l’isolement, la restriction des intérêts, le retard du langage, de la marche et dans l’acquisition de l’autonomie sphinctérienne.