
Parlementaires, Ong et associations françaises ont adressé un message au gouvernement français l’incitant à mettre «en conformité» son discours sur les droits de l’homme avec «des actes concrets» et se joindre aux voix réclamant la libération du député palestinien Marwan Barghouthi et de tous les prisonniers politiques palestiniens en détention dans les geôles israéliennes.
«La libération des prisonniers politiques doit être la condition et non la conséquence d’un accord de paix», ont-ils écrit dans leur message. Celui-ci a été transmis à la faveur du lancement de la campagne de sensibilisation pour la libération des détenus politiques palestiniens initié par le Comité de pilotage français qui comprend, outre des parlementaires, la plateforme des Ong françaises pour la Palestine et l’Association France Palestine (AFPS).
La démarche intervient à la veille de la journée internationale des prisonniers politiques, célébrée le 17 avril de chaque année pour sensibiliser l’opinion internationale sur cette question.
Alors que la date butoir pour les négociations du 29 avril entre etIsraël l’Autorité palestinienne approche, celle-ci a demandé de manière expresse la libération de Marwan Barghouthi et d’Ahmed Saadat, deux des députés palestiniens détenus, plaçant la question des prisonniers politiques palestiniens, au centre des négociations pour une paix «juste et durable».
L’Autorité palestinienne qui considère cette question comme centrale, a, par la voix de son président Mahmoud Abbas, insisté récemment sur ce sujet en refusant tout compromis sur la libération du 4éme contingent de 26 prisonniers politiques d’avant les Accords d’Oslo (1993) prévue pour le 29 mars et à laquelle Israël vient de surseoir en faisant marche arrière.
Ils devaient être relâchés en contre-partie du renoncement de l’Autorité palestinienne à son droit de saisir les instances de l’Onu pendant la durée des «discussions de paix», aux termes d’un accord obtenu par les Américains pour la reprise des négociations le 29 juillet 2013.
Donner à la campagne une dimension internationale
La campagne française pour la libération a été lancée avec l’idée qu’elle soit reprise dans plusieurs pays pour lui donner une dimension locale et internationale, a indiqué son Comité de pilotage dans un appel.
Celui-ci-£uvre actuellement en direction des soutiens politiques et médiatiques français avec pour objectif de garantir un large soutien en faveur de cette question à travers le symbole de Marwan Barghouthi et rappeler aux autorités israéliennes que la libération des détenus palestiniens est «un préalable pour une solution juste et durable».
Un total de 5 000 Palestiniens, dont plus de 200 enfants, condamnés à de lourdes peines de prison et 11 députés du Conseil législatif palestinien, (Parlement) croupissent dans les prisons israéliennes, indiquent les chiffres de l’Autorité palestinienne, citée par le comité.Plusieurs d’entre eux y ont passé plus de 30 ans, rendant Israël responsable des plus longues périodes de détention politique dans l’histoire récente.
Violation des normes prescrites par le droit international
«Le traitement réservé aux prisonniers politiques palestiniens, dès le moment de leur arrestation et pendant leur détention, les mauvais traitements qui leur sont infligés, l’usage de la torture, le mépris pour le droit des enfants, le manque de soins pour les détenus malades, violent les normes prescrites par le droit international», dénonce le comité dans son appel.
Auparavant, soit le 27 octobre 2013, date anniversaire de la libération de Nelson Mandela, un appel international a été lancé pour la libération de Marwan Barghouthi et de tous les prisonniers politiques palestiniens, depuis l’ancienne cellule de Mandela, à Robben Island (Afrique du Sud), par Ahmed Kadhrada, compagnon de cellule de Mandela et icône de la lutte anti-apartheid.
Née en 1959 à Ramallah (Cisjordanie occupée), le parlementaire Marwan Barghouthi a déjà passé au total, 19 ans dans les prisons israéliennes dont les 12 dernières années consécutives.
L’Etat d’Israël l’exila de sa patrie pour «incitation» à la lutte contre l’occupation. Il ne retourna en Palestine qu’en 1994, à la faveur des Accords de paix d’Oslo.
Le 15 avril 2002, il fut enlevé par les forces d’occupation israéliennes, devenant ainsi le premier palestinien, membre du Parlement à être arrêté par Israël et depuis, suivi par plusieurs autres.
Le 6 juin 2004, après un procès décrit par les observateurs internationaux et les délégations témoins comme un «procès-spectacle politique», Marwan Barghouthi fut condamné à 5 peines de prison à perpétuité, assorties d’une peine de 40 ans d’emprisonnement.