Le journaliste Hadj Said Chitour sera libéré dimanche, suite au verdict du Tribunal correctionnel près la Cour d'Alger, qui l'a condamné à 16 mois de prison ferme (purgés en détention préventive) et une année avec sursis pour «avoir fourni des informations et plans à une personne non autorisée à y accéder».
Selon l'arrêt de renvoi, l'affaire a éclaté suite à des informations selon lesquelles, l'accusé Hadj Said Chitour, correspondant de la BBC, du Washington Post et de France 24, «fournissait à des représentants de certaines ambassades étrangères à Alger (d'Afrique du Sud, de Corée du Nord, de France, de Chine et du Japon), des informations susceptibles de porter atteinte à la sécurité et à l'économie nationales, moyennant des sommes d'argent en devise».
«Hadj Said Chitour fournissait, régulièrement aux représentants de certaines ambassades étrangères, des informations importantes et sensibles et des plans de compagnies nationales, à l'instar de Sonelgaz et de Sonatrach ainsi que des informations sur des personnalités militaires, la situation sécuritaire et la conduite de certains hommes d'affaires en Algérie».
De son côté, l'accusé qui souffre d'une tumeur au cerveau nécessitant une intervention chirurgicale urgente, a nié toutes ces accusations «infondées», précisant avoir «fait son travail» en sa qualité de journaliste professionnel et de correspondant de plusieurs chaines étrangères.
«Je collectais des informations publiées dans les journaux nationaux et les sites et les traduisais en anglais et en français pour les envoyer à ces représentants diplomatiques». «Mon objectif suprême était de faire connaître l'Algérie et la culture algérienne pour encourager les investissements étrangers», a-t-il confié.
A une question du Procureur général sur les sommes d'argent en devise versées dans son compte bancaire, l'accusé avait déclaré travailler comme correspondant au profit de chaînes étrangères et qu'il était naturel de percevoir son salaire en devise.
Il a déclaré également avoir traité avec un bureau spécialisé dans les études stratégiques en Angleterre, lequel lui avait demandé des informations sur la conduite des hommes d'affaire algériens, et qu'il avait fourni les informations en sa qualité de journaliste et d'expert dans ce domaine. «J'ai £uvré pour l'amélioration de l'image de l'Algérie à l'étranger, j'ai formé des journalistes algériens à l'étranger et je suis membre de l'association Nelson Mandela», a-t-il indiqué.
Après que le Procureur général près le Tribunal criminel d'Alger eut requis une peine de 5 ans de prison ferme à l'encontre de l'accusé, Me Miloud Brahimi a souligné dans son plaidoyer qu'il n'y avait pas de victime dans cette affaire, ni de partie civile, ni de témoin.
Il a ajouté que la gravité des faits imputés à son mandant exigeait la présence d'une partie civile, «point qui fait défaut dans cette affaire».
Pour sa part, Me Khaled Bourayou a fait savoir que le dossier de l'affaire ne contenait aucune preuve pouvant condamner son client, expliquant que le dossier ne renfermait également aucun document secret portant atteinte à la défense ou à l'économie nationales.
Maitre Bourayou a ajouté que les ambassades en Algérie ou dans n'importe quel autre pays avaient des contacts permanents avec les représentants de la société civile et des journalistes qui donnent leurs avis dans différents domaines.