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Patrimoine: Tapis de Babar, un métier des femmes de Nememcha qui résiste au temps

Publié par Dk News le 28-04-2019, 14h22 | 158
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Un des plus célèbres d’Algérie, le tapis de  Babar continue d’être tissé par les femmes de la localité éponyme (30 km au  Sud de la ville de Khenchela) dans la pure tradition résistant au temps et  aux risques de disparition liés surtout aux difficultés de  commercialisation qui menacent ce savoir-faire séculaire intrinsèquement  liée à l’identité culturelle de la région.

A Babar, les femmes demeurent attachées à ce métier et £uvrent à en faire  la promotion ainsi qu’à transmettre à leur descendance les techniques, les  outils et les petites secrets de cette activité ancestrale.

Dans cette localité, chaque maison possède son propre tapis de cette  «marque authentique» tissée par les femmes même de la famille pendant que  plusieurs autres villageoises font du tissage de ce tapis une activité qui  leur procurent des revenus d’appoint dans cette région rurale où peu  d’opportunités économiques s’offrent à la femme.

Ici, les jeunes filles reçoivent de leurs mères l’art du tissage, de  filage et de teinture des fils, recourant à des produits 100 naturels.

Dans  cette formation de la relève, les femmes «babariennes» semblent avoir  réussi au regard des jeunes tisserandes présentes au 9ème salon du tapis,  tenu février passé à la maison de la culture Ali Souaï de Khenchela, ainsi  qu’à l’exposition du printemps organisée depuis deux semaines au Centre des  loisirs scientifiques du chef-lieu de wilaya.

Artisane de renom pour avoir remporté le prix national de l’artisanat  traditionnel pour les deux années consécutives de 2012 et 2014 outre sa  contribution à la formation des jeunes filles, Nacira Chenouf exprime toute  sa fierté de cet héritage dont la renommée tient, assure-t-elle, au fait  que toutes les phases de confection recourent exclusivement à des produits  naturels et des procédés entièrement artisanaux.

Selon elle, tout commence avec la sélection minutieuse de la laine qui  doit être de «haute qualité» et d’une «malléabilité extrême».

Vient ensuite  la maîtrise de l’installation du métier à tisser et le bon usage de Kerdach  (la carde) pour peigner les fibres de laine et Khelala pour tasser les fils  colorés harmonieusement.

Il existe plusieurs variantes du tapis de Babar dont Eddaraga, El-ogda et  El-Houli lesquelles de distinguent par leurs couleurs et dispositions des  motifs, assure savamment Mme Nacira qui précise que Eddaraga reflète ainsi  la décence des gens des Nememcha puisque ce type de tapis sert à séparer  l’espace réservé aux femmes de celui des hommes dans une même pièce. Les motifs figurant sur ce tapis sont en rapport avec la vie sociale et la  nature, note cette artisane qui cite ainsi El-kherebga qui renvoie à un  type ancien de jeu de dames, El-Mechref, un genre de bijoux féminin, et  Abad chams (tournesol).

   Henné, peau de grenade et écorce de noyer pour colorer le tapis de  Babar  L’idée superficielle que la teinture des fils de ce tapis recoure à des  colorants synthétiques industriels est totalement erronée, assure encore  Nacira Chenouf qui affirme que des colorants naturels extraits de certains  plantes dont le henné, la peau de grenades, de l’écorce de noyers, du  safran et des feuilles de l’eucalyptus servent à la teinture des fils de  laine à Babar.

De son côté, le directeur du tourisme et de l’artisanat traditionnel de la  wilaya, Zoubir Boukaabach, considère que la tapisserie traditionnelle lutte  actuellement pour se perpétuer même si au cours de ces dernières années, ce  métier a repris quelque vigueur à l’instar d’autres métiers artisanaux.

Cette tendance a été favorisée par les mécanismes d’appui de l’Etat  destinés à encourager les artisans à lancer de micro-projets de  préservation et valorisation de ce patrimoine et à faciliter la  commercialisation par la participation à certaines expositions dont celles  de Berlin (Allemagne). Pour lutter contre la contrefaçon du tapis de Babar pratiquée par certains  «faux artisans» et sa commercialisation dans des pays voisins, les services  de la direction du commerce en concertation avec la chambre de l’artisanat  traditionnel et des métiers (CAM) et des associations locales d’artisans,  £uvrent à parachever les procédures d’estampillage de produit patrimonial,  a assuré en outre le directeur du commerce, Djamel Hazaoui.

Le tissage du tapis de Babar semble désormais ne plus être l’apanage des  femmes de cette partie méridionale de la wilaya de Khenchela, assure  Nasraoui Djenoudi, conseiller pénitentiaire à la prison de Babar qui  affirme qu’un atelier de formation des détenus au tissage de ce tapis a été  ouvert dans cette prison sous l’égide de l’Office national des travaux  éducatifs et d'apprentissage (ONTEA) relevant de la Direction générale de  l’administration pénitentiaire.

Mue par le souci de préserver ce métier séculaire patrimonial et entrant  dans le cadre de la politique de formation et insertion des détenus, cette  initiative offre aux bénéficiaires de cet apprentissage et activité  productive une assurance sociale globale et une rémunération à leurs  efforts, a-t-il précisé.

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