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Le processus de paix pour le règlement de la crise en Libye a été compromis en 2019, suite à l’offensive armée menée depuis le mois d'avril par les troupes de Khalifa Haftar avec velléité de contrôler la capitale Tripoli.
Une attaque qui avait avorté la tenue d'un dialogue national inclusif en vue d'un consensus pour la relance du processus de règlement politique d'une crise multidimensionnelle frappant le pays depuis 2011.
L'agression inattendue des troupes de Haftar pour la prise de Tripoli où siège le Gouvernement d’union nationale (GNA) sous la direction du Faiz al-Sarraj a surpris non seulement les Libyens mais également la communauté internationale, à sa tête la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul), qui n'épargne pas d'efforts pour la résolution de la crise ayant replongé le pays dans une guerre de trop. Ce dangereux tournant dans la situation est intervenu à la veille de la Conférence nationale avortée qui devait se tenir entre les 14 et 16 avril à Ghadames (sud-ouest libyen) sous l'égide de l'Onu à travers la Manul avec la participation des toutes les parties libyennes en quête de véritables jalons pour une réconciliation définitive.
Selon les observateurs, les assises de Ghadames avaient toutes les chances de réussir surtout qu'elles allaient intervenir quelques jours seulement après la réunion de la Commission quadripartie, Union africaine (UA), Onu, la Ligue arabe et l'Union Européenne (UE). La réunion avait insisté sur la mise en £uvre d'une réconciliation nationale fédérant l'ensemble des parties libyennes pour une solution pacifique soutenue par la communauté internationale. L'agression par les troupes de Haftar contre Tripoli, toujours sous la menace de guerre, n'a pas laissé la communauté internationale et les partenaires du processus de paix indifférents.
Deux jours après l’offensive sanglante, le secrétaire général de l'Onu, Antonio Guterres, s’était déplacé à Tripoli pour faire valoir la voie politique pour «résoudre les différends», affirmant qu'il n'y avait pas «une solution militaire mais uniquement une voie politique...» à même d'éviter un nouvel embrasement. Même principe adopté par les pays voisins de la Libye dont l'Algérie qui s'est toujours attelée à favoriser un dialogue inclusif entre toutes les parties libyennes, sous l'égide de l'Onu et loin de toute ingérence étrangère, avec le principal souci de préserver les intérêts suprêmes du peuple libyen.
L'arrogance de Haftar abaissée face à l'orgueil du GNA
Sur le terrain, l’offensive des troupes de Haftar ne s’est pas déroulée telle qu’elle a été présentée au départ «une promenade de quelques jours».
L’arrogance de Haftar et ses troupes s’est, en effet, heurtée à une résistance farouche des forces du Gouvernement d'union national (GNA) le contraignant à s’arrêter, à quelque 100 kilomètre de Tripoli.
Pour faire écho et enflammé la propagande militaire, il s’en est pris à de nombreux camps d’hébergement pour migrants et des centres hospitaliers, provoquant la mort des dizaines d'innocents dont des médecins. Le souhait d'envahir Tripoli habite encore Haftar, en cette fin de l'année 2019 sans toutefois y parvenir, et ses velléités de prendre possession de la capitale du pays deviennent de plus en plus périlleuses. «Nous sommes prêts à repousser toute nouvelle tentative folle du putschiste Haftar», a déclaré le ministre de l'Intérieur du GNA, Fathi Bashagha, à la télévision Libya al-Ahrar, qualifiant l'annonce faite par Haftar de «nouvelle tentative désespérée».
1000 morts, des milliers de blessés et 140 milles déplacés
Comme il fallait s'y attendre, l'offensive de Haftar contre Tripoli, condamnée par la communauté internationale, n'a fait qu'empirer la situation humanitaire et économique du pays.
En effet, plus de 1000 personnes sont mortes et plus de 140 milles personnes ont été déplacées, selon des bilans de l'Onu, alors que de nombreuses infrastructures de base ont été réduites en cendres par le fait de la guerre, ce qui a incité le GNA à conclure, en vue d'aide militaire, des mémorandums d'entente avec la Turquie.
Dans la foulée de ces développements, la Russie, partisane de l'application du processus de règlement politique onusien, a montré sa volonté de peser de son poids dans le dossier libyen, alors que les Etats unis, qui voulaient rester à équidistances des parties libyennes, ont fini par réitéré leur appui à l'accord politique inter-libyens de 2015, favorisant une solution politique.
En outre, la dégradation du secteur économique a été aggravée par la suspension de la production pétrolière pendant des mois sur plusieurs champs de pétrole. C'est le cas aussi du trafic aérien suspendu dans tous les aéroports du pays y compris dans celui de Triploli qui fait, de temps en temps, l'objet de raids aériens menés par l'aviation des troupes de Khalifa Haftar
L'agression contre Tripoli n'a pas épargné également les entrepôts de denrées alimentaires privant les Libyens des vivres et produits nécessaires pour le quotidien des populations.
Salamé s'inquiète face à l'escalade des ingérences étrangères
Le chef de la médiation onusienne pour la Libye, Ghassa Salamé, a exprimé son inquiétude face à la «nette escalade» des «ingérences étrangères» dans la crise que traverse ce pays, regrettant le fait que le Conseil de sécurité de l'Onu n'a toujours pas de résolution appelant à un cessez-le-feu après neuf mois d'agression contre la capitale Tripoli. Dans un récent entretien au quotidien Le Monde M. Salamé pointe «l’intensification des ingérences étrangères» autour de l'attaque contre Tripoli û commencée en avril û depuis que l'officier à la retraite Khalifa Haftar tente de s'emparer de la capitale libyenne, où siège le gouvernement d'union nationale (GNA), reconnu par l'ONU, et face à laquelle la communautéinternationale s’est révélée «impuissante». A une question, le conflit libyen est-il en train de s’internationaliser ?, l'émissaire de l'Onu a expliqué qu'«il s’agit d’une nette escalade du conflit. Les dernières semaines ont été marquées par une aggravation de cette ingérence extérieure». «Je suis désappointé, déçu, blessé qu’après neuf mois de combats à Tripoli, nous n’ayons toujours pas de résolution du Conseil de sécurité appelant à un cessez-le-feu. Tout cela fait que les ingérences extérieures se multiplient et s’aggravent», a-t-il ajouté.
A propos de l'embargo sur la livraison d'armes à la Libye décrété par l'Onu en 2011, et questionné sur l'«impuissance» du Conseil de sécurité à le faire respecter, M. Salamé a répondu : «Il n’y a pas que des acteurs régionaux qui violent cet embargo (sur les armes), il y a aussi des membres du Conseil de sécurité» Ghassan Salamé est le chef de la mission des Nations unies pour la Libye depuis l’été 2017. Outre ses activités de diplomate onusien.