«La France reste engagée dans le cadre de l'accord de Vienne sur le nucléaire iranien», a relevé la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères, Agnès von der Mühll. «Elle continue à oeuvrer avec les autres parties à son plein respect», a-t-elle ajouté, en référence à la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Chine et la Russie, autres signataires, avec l'Iran, de l'accord dont les Etats-Unis sont sortis avec fracas en 2018. Donald Trump a joué la carte de l'apaisement mercredi avec l'Iran après l'escalade militaire de ces derniers jours entre les deux pays, mais a appelé les Européens à quitter l'accord signé à Vienne en 2015, que les Iraniens ont aussi commencé à détricoter.
L'Iran a annoncé dimanche ce qu'il a présenté comme la «cinquième et dernière phase» de son plan de réduction de ses engagements en matière nucléaire, affirmant qu'il ne se sentait désormais plus tenu par aucune limite «sur le nombre de ses centrifugeuses».
Les Européens signataires doivent décider dans les jours qui viennent s'ils déclenchent le mécanisme de règlement des différends, prévu dans l'accord, qui pourrait mener à terme au rétablissement de sanctions de l'ONU contre l'Iran. Une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne est notamment prévue vendredi après-midi à Bruxelles pour discuter de la crise iranienne. «Nous estimons que l'accord tient toujours», a déclaré lundi le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. Mais «le fait que tous les deux mois les autorités iraniennes violent une partie de l'accord lui font perdre beaucoup de substance», a-t-il souligné. Le président du Conseil européen Charles Michel a aussi défendu jeudi l'accord sur le nucléaire iranien et mis en garde le président iranien Hassan Rohani contre toute «action irréversible».
La Chambre vote une résolution pour brider l'action militaire de Trump contre l'Iran
La Chambre des représentants, contrôlée par les démocrates, a adopté jeudi une résolution pour limiter le pouvoir de Donald Trump de lancer des opérations militaires contre l'Iran, un texte largement symbolique mais embarrassant pour le président américain en pleine crise avec Téhéran.
Exhortant Donald Trump à «mettre fin» à toute action militaire contre l'Iran faute d'accord du Congrès, la résolution a été adoptée par 224 voix pour, et 194 contre. Il semble plus difficile qu'un tel texte soit voté à son tour au Sénat, contrôlé par des républicains soutenant largement Donald Trump. Mais, fait marquant, trois républicains ont toutefois soutenu la résolution à la Chambre, malgré les appels de Donald Trump à faire bloc contre.
Prenant soin de souligner que la résolution «ne critique pas le président», Matt Gaetz, d'ordinaire grand défenseur de Donald Trump, a expliqué son vote en se disant contre une «nouvelle guerre éternelle au Moyen-Orient».
La présidente démocrate de la Chambre, Nancy Pelosi, a affirmé qu'avec ce vote, le Congrès respectait «son devoir de protéger les Américains». Si aucune «mesure parlementaire n'est prise» pour autoriser des opérations, le gouvernement de Donald Trump «doit cesser les hostilités militaires face à l'Iran», a-t-elle déclaré dans l'hémicycle. «Je n'ai pas l'obligation» de solliciter le Congrès avant d'ordonner d'éventuelles nouvelles frappes, s'était plus tôt indigné le milliardaire depuis la Maison Blanche.
«Et je ne devrais pas avoir à le faire», avait-il ajouté, «car on doit parfois prendre des décisions en une fraction de seconde». Les démocrates ne décolèrent pas depuis la frappe américaine qui a tué un puissant général iranien, Qassem Soleimani, la semaine dernière, suivie de frappes de missiles iraniens mercredi sur des bases utilisées par l'armée américaine en Irak. Nancy Pelosi accuse Donald Trump d'avoir, pour éliminer Soleimani, mené une opération «disproportionnée et provocatrice» sans «consulter le Congrès», seul habilité à déclarer la guerre selon la Constitution. Les regards se tournent désormais vers le Sénat, contrôlé par les républicains (53-47), où une résolution similaire pourrait être soumise au vote dès la semaine prochaine. Si deux républicains ont déjà déclaré qu'ils la soutiendraient, il semble toutefois encore difficile que le texte soit adopté par la chambre haute, où le soutien au milliardaire reste solide. Et même si la résolution franchissait les deux étapes du Congrès, elle n'aurait pas valeur de loi.