Monde

Terrorisme en France : Après le deuil, les interrogations.

Publié par Cherbal E-M le 23-11-2015, 18h03 | 49
|

Les sanglants attentats du 13 novembre à Paris n’ont pas encore totalement livré leurs secrets, loin s’en faut.

Le temps de se remettre de la forte émotion suscitée par un acte peu banal dans l’histoire du terrorisme, et de faire le deuil des victimes, tombées dans les différents quartiers de Paris visés par les terroristes, et voilà que des analystes et journalistes spécialisés soulèvent de nombreuses interrogations sur les éventuelles failles qui ont conduit à ce «désastre sécuritaire».

Le doigt accusateur est vite dirigé vers le système Schengen, et la permissivité de ses contrôles aux frontières.

«Il faut l'admettre, Schengen est une passoire», confie un ancien officier du contre-espionnage français sous couvert de l’anonymat, sur le site www.leparisien.fr, en réaction à l’entrée en Europe du cerveau des attentats de Paris, le belge Abdelhamid Abaaoud, ajoutant : «Ce gars, avec un CV et des antécédents pareils, où qu'il soit entré dans Schengen cela aurait dû provoquer un drapeau rouge».

Beaucoup de regards, notamment parmi les politiques se sont effectivement vite tournés vers le contrôle aux frontières ; le ministre de l’intérieur français Bernard Cazeneuve y est allé de sa petite charge en appelant «l’Europe à se reprendre » pour mieux se mobiliser contre le terrorisme.

Inutile de dire que c’est là, une opportunité bien offerte pour les tenants d’un retour aux frontières ; «le massacre du 13 novembre à Paris, avec son effroyable bilan, va certainement conforter ceux qui, dans les administrations et les partis politiques européens, plaident pour un renforcement des contrôles aux frontières et une amélioration des structures de coopération entre services de renseignement, surtout en matière de lutte contre le terrorisme», opine le rédacteur d’un article mis en ligne sur le site http://information.tv5monde.com.

Mais, force est d’admettre que les failles ne sont pas qu’aux frontières, si l’on en croit les nombreuses analyses faites sur la question. Dans son édition du vendredi 20 novembre, le quotidien Le Monde consacre un dossier à ce sujet en ouvrant sa Une avec ce titre : «Les nouvelles brèches de la lutte antiterroriste».

Le journal qui s’est intéressé aux dysfonctionnements internes des services de sécurité français commence par s’interroger : « Après l‘émotion et la traque des auteurs de cette tuerie, vient le temps des questions : pourquoi les autorités françaises sont-elles incapables de juguler la totalité de la menace ? ».

Des nombreux témoignages recueillis par le quotidien, on comprend qu’il y a matière à revoir dans les procédures de travail des services de renseignements français. Le journal avance en effet que, face aux derniers attentats de Paris, la «France disposait donc d’éléments mais n’a pas été en mesure de les analyser et d’intercepter à temps les commandos suicides.» Et le quotidien Le Monde de s’interroger sur la pertinence de réaménagements interne des services extérieurs français, la DGSE, qui a fini par donner, écrit-il, « un poids inédit à un vaste service contre-terroriste au détriment des analyses pays ».

Poursuivant la recherche des sources de dysfonctionnement le journal relie la situation, selon des hauts gardés du renseignement français, «à la masse d’informations à traiter et au nombre de personnes à surveiller», en sachant que le travail de collecte des données sur les personnes fait face, en France à des contraintes «bureaucratiques», dénonce l’un d’eux, malgré l’adoption récente d’une loi sur le renseignement.

De là à «rêver» d’un Patriot Act à l’américaine, adopté dans le sillage des attentats 11 septembre 2001, permettant une collecte massive des données personnelles, sans difficultés, ni avis d’un juge, le pas a été évidemment vite franchi par de nombreuses voix, dont certaines sont citées par le quotidien Le Monde qui avance pour sa part que selon le monde du renseignement, « la solution résiderait dans la duplication en France, du système qui a permis aux Etats Unis de se protéger, après le 11 septembre, grâce au Patrtiot Act ». En fait, l’idée selon «une source ministérielle de haut rang» citée dans le papier, est d’opérer par «une collecte massive des données».

Ce à quoi d’autres rétorquent qu’il ne faut pas vite aller en besogne estimant, notamment que la collecte massive n’est pas le remède indiqué. Ancien juge chargé de la lutte antiterroriste, Marc Trévédic a confié au quotidien son peu d’engouement pour de telles procédures, considérant que le souhait du président français de renforcer les pouvoirs de la police administrative, et de tenir à l’écart le juges est, dit-il, « absurde », expliquant en effet que « le monde du renseignement est, par exemple, obligé de détruire assez vite les enregistrements de ses interceptions, ce qui n’est pas le cas du juge ».

En agissant de la sorte, ajoute Trévédic, «on se dirige, à terme, vers un Guantanamo à la française, sans juge, sauf que les Américains avaient au moins pris soin de ne pas l’installer sur leur territoire ».

Cherbal E-M

|
Haut de la page

CHRONIQUES

  • Walid B

    Grâce à des efforts inlassablement consentis et à une efficacité fièrement retrouvée, la diplomatie algérienne, sous l’impulsion de celui qui fut son artisan principal, en l’occurrence le président de la République Abdelaziz Bouteflika, occupe aujour

  • Boualem Branki

    La loi de finances 2016 n’est pas austère. Contrairement à ce qui a été pronostiqué par ‘’les experts’’, le dernier Conseil des ministres, présidé par le Président Bouteflika, a adopté en réalité une loi de finances qui prend en compte autant le ress

  • Walid B

    C'est dans le contexte d'un large mouvement de réformes sécuritaires et politiques, lancé en 2011, avec la levée de l'état d'urgence et la mise en chantier de plusieurs lois à portée politique, que ce processus sera couronné prochainement par le proj

  • Boualem Branki

    La solidité des institutions algériennes, la valorisation des acquis sociaux et leur développement, tels ont été les grands messages livrés hier lundi à Bechar par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales Nouredine Bédoui.

  • DK NEWS

    Le gouvernement ne semble pas connaître de répit en cette période estivale. Les ministres sont tous sur le terrain pour préparer la rentrée sociale qui interviendra début septembre prochain.

  • Walid B

    Dans un contexte géopolitique régional et international marqué par des bouleversements de toutes sortes et des défis multiples, la consolidation du front interne s'impose comme unique voie pour faire face à toutes les menaces internes..

  • Walid B

    Après le Sud, le premier ministre Abdelmalek Sellal met le cap sur l'Ouest du pays où il est attendu aujourd'hui dans les wilayas d'Oran et de Mascara pour une visite de travail et d'inspection.